Archive for juin 2011

La Lutte contre la Pauvreté

juin 28, 2011

« Éradiquer la misère ». Voilà le grand objectif du mandat de Dilma Rousseff, annoncé en grande pompe par la Présidente lors de son discours d’investiture le 1er Janvier 2011. Un objectif qui de l’extérieur pourrait surprendre alors que le Brésil a récemment pris la 7ème place des PIB mondiaux à l’Italie, et que l’on ne cesse de vanter sa croissance économique. Mais si personne ne peut nier cet essor sans précédent, il faut aussi garder à l’esprit que Brésil reste l’un des pays où les inégalités de revenus sont parmi les plus élevées du globe.

En effet, même si les avancées récentes en la matière sont notables (11 millions de personnes ont atteint la sécurité alimentaire depuis 2003), les lacunes, les disparités géographiques et les inégalités sociales sont encore considérables dans ce pays de 192 millions d’habitants où vivaient encore en 2009 environ 47 millions de pauvres et 13 millions d’indigents[1]. Cet état de fait, déplorable pour un pays qui cherche à accéder au statut flou de « nation développée », l’Etat brésilien et sa nouvelle représentante ont donc promis d’y remédier. Confirmant en cela la conception hautement interventionniste de l’Etat brésilien, en vigueur depuis le milieu des années 1990 et le « Plan Réal » du Président Fernando Henrique Cardoso.

Une récente enquête de l’Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques (IBGE) confirme l’urgence de la situation en montrant que 16,2 millions de brésiliens (soit 8,5% de la population totale) vivent aujourd’hui avec un revenu mensuel inférieur à 70 réals (30 euros). Le rapport, qui localise 9,6 millions d’entre-eux dans région Nordeste, précise aussi que 4,2 millions de brésiliens n’ont même aucun revenu[2].

Ce rapport plutôt alarmant allait servir de rampe de lancement, au « nouveau » programme de Dilma Rousseff de lutte contre la pauvreté intitulé « Brasil sem miseria » (Brésil sans misère). En présentant son plan début juin, la Présidente déclarait :  » La lutte contre la pauvreté est devenu un devoir de l’Etat et une tâche pour tous les Brésiliens. Nous ne pouvons oublier que le défi le plus difficile à surmonter, le plus angoissant des problème de ce pays est de connaître une pauvreté chronique et bien installée ». Un objectif assez ambitieux donc, mais pour lequel, une fois de plus, Dilma Rousseff allait pouvoir compter sur l’héritage de son prédécesseur, Luis Ínacio Lula da Silva.

On a effectivement loué le Président Lula (2003-2010) pour son bilan dans la lutte contre la pauvreté. Son programme « Fome Zero » (Zéro Faim, dont le maître d’oeuvre, José Graziano da Silva, vient d’être nommé à la tête de FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture)), incarné par la célèbre « Bolsa Familia » (Bourse Famille), aurait largement contribué au fait que durant les 8 ans de sa présidence, près de 30 millions de brésiliens aient franchis le seuil de pauvreté. Bolsa Familia est un programme de transfert monétaire conditionnel, orienté vers les plus démunis. Il permet ainsi aux familles dont le revenu mensuel ne dépasse pas les 140 réals (60 euros), de toucher un complément de revenu qui selon la situation de la famille oscillera entre 32 et 242 réals (14 et 105 euros). En contrepartie, les familles s’engagent à scolariser leurs enfants et à maintenir leur livret de vaccins à jour. En 2011, environ 13 millions de foyer brésiliens bénéficient de la Bolsa Familia.

Ainsi, le programme « Brasil sem miseria » de Dilma Rousseff, aura pour but principal d’étendre la Bolsa Familia a davantage de familles brésiliennes (800.000 foyers supplémentaires d’ici fin 2013), notamment aux plus indigentes. Il se donnera également pour objectif d’améliorer l’accès des populations isolées aux services publics; il favorisera le microcrédit; et créera une « Bolsa Verde » (Bourse Verte) visant à aider les 30 millions de Brésiliens qui vivent en milieu rural et dont le quart se trouve en situation d’extrême pauvreté.

La lutte contre la pauvreté apparait donc bien comme un enjeux majeur du Brésil du XXIème siècle. D’une part, ce pays sera une véritable vitrine pour le monde en accueillant prochainement les deux évènements sportifs mondiaux les plus médiatiques (Coupe du Monde 2014, puis Jeux Olympiques à Rio en 2016), et l’on peut donc comprendre qu’il cherche  à se débarrasser de cette encombrante étiquette de « pays le plus inégal du monde industrialisé ». Mais d’autre part, et cela est certainement plus fondamental encore, lutter contre la pauvreté signifie au Brésil, élargir son marché intérieur en permettant à celui qui était « pauvre » de devenir « consommateur ».

Ce fut la clé du succès économique du gouvernement Lula et Dilma Rousseff, sa plus fidèle disciple en a pleinement conscience. On ne change pas une équipe qui gagne.

E.M.


[1] CEPAL, Panorama Social de America Latina 2010, Capitulo 1 : Pobreza, Desigualdad y ciclo de vida. 2010.

[2] IBGE, Mai 2011 sur http://www.ibge.gov.br/.

Football et Politique

juin 21, 2011

Le Brésil est sans conteste la plus grande nation de football au monde. Avec ses cinq titres mondiaux (1958,1962, 1970, 1994, 2002) conquis par la Seleção, le plus grand joueur de l’histoire (Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé), et des centaines de stars faisant réver aux quatre coins du globe depuis plus d’un demi-siècle (Garrincha, Zico, Ronaldo, Ronaldinho etc.), le Brésil règne en maître sur la planète football.

Sur ses terres, le Futebol déclenche au Brésil un engouement et une passion inégalable même dans les plus grands clubs européens. Les torcidas y sont plus que de simples groupes de supporteurs se réunissant une fois par semaine au stade. Elles rythment véritablement la vie et le quotidien de leurs membres (qui se comptent pour les plus grands clubs, en millions), et forment de puissants groupes de pression que courtisent sans cesse les hommes politiques. Le Président Lula n’a d’ailleurs jamais cessé de rappeler son appartenance active (il y participe financièrement) à la torcida  des Corinthians, laquelle participa d’ailleurs activement, tout comme le syndicat des métallurgistes paulistas de Lula, au retour de la démocratie dans les années 1980.

Le Président Lula remettant un maillot dédicacé de la Seleção au Président Obama

Chaque match de la sélection nationale semble mettre le pays « sur pause », et même la plus hyperactive des mégapoles brésiliennes, São Paulo, n’a d’autre choix que d’interrompre son rythme incessant durant ces « 90 minutes » sacrées. Et si les victoires sont suivies des célébrations les plus folles, les défaites engendrent une déprime profonde, presque palpable qui contraste avec la bonne humeur habituelle du peuple Brésilien. Un fait qui n’est pas sans conséquences politiques alors que depuis 1994, les élections générales ont toujours lieu quelques mois seulement après la Coupe du Monde.

Si la déprime causée par le fiasco de la Seleção de Dunga en Afrique du Sud en 2010, avec une défaite en quart de finale contre les Pays-Bas, n’a semble-t-il pas eu de conséquence néfaste sur l’élection de Dilma Rousseff trois mois plus tard, il est indéniable qu’au Brésil, Football et Politique entretiennent des rapports parfois très étroits.

Ce constat n’est bien sûr par nouveau. Sous l’ère Getulio Vargas déjà (1930-1945 puis 1950-1954), le Football avait été mis à l’honneur car on voyait en lui un facteur d’unité nationale. Un pari risqué puisque la défaite en finale lors du premier mondial organisé par le Brésil en 1950 face au petit voisin uruguayen, connue comme le « maracanaço » fut un véritable drame national. Un drame que l’organisation par le Brésil à nouveau, de la prochaine Coupe du Monde en 2014, aura notamment pour but, aux yeux des brésiliens, de réparer. Néanmoins, la victoire brésilienne 8 ans plus tard en Suède (1958), d’une équipe mixte particulièrement représentative de la diversité culturelle et ethnique du pays, eut elle, bien l’effet fédérateur escompté. Plus tard, sous la dictature militaire, la dimension politique de la Seleção s’accentua à tel point qu’on militarisa le staff de l’équipe (l’entraineur était alors gradé comme capitaine dans l’armée).

Aujourd’hui la dimension politique et symbolique de l’équipe nationale et du football dans son ensemble reste évidente et suscite bien des interrogations parmi les milieux académiques brésiliens, mais c’est un autre phénomène, celui des anciens footballeurs reconvertis en hommes politiques, qu’il nous faut à présent aborder.

Affiche électorale du candidat Bebeto – Député étatique – Rio de Janeiro, 2010 (prise par l’auteur)

En effet, en 2010, les législatives (au niveau fédéral ou étatique) ont été le théâtre d’une multitude de candidatures de la part d’anciennes gloires du football brésilien, parmi lesquels, le duo offensif de choc du mondial 1994, Bebeto et Romário. Si leurs candidatures ont pu faire sourire, leurs élections respectives obtenues haut la main pour l’un, Bebeto, à la chambre des députés de l’état de Rio de Janeiro, et pour l’autre, Romário, à la chambre des député fédéraux, reflètent de façon plus profonde ce que les politologues appellent la « crise de la représentativité » de la démocratie brésilienne. En effet, l’élection de ces deux champions du monde, ou encore du clown Tiririca à São Paulo, individus sans la moindre expérience politique, posent la question plus vaste de la confiance des brésiliens envers leur personnel politique. Affaires de corruption, promesses non-tenues, les Brésiliens lassés de la politique politicienne finissent par penser que ces footballeurs qui les ont tant fait rêver, et qui, partant bien souvent de rien ont au final fait la gloire du pays, les représenteront certainement mieux qu’une classe politique appelées de fait, à se remettre en question.

Pendant ce temps, et alors que le Brésil met tout en oeuvre pour faire du Mondial 2014 un fête à la hauteur de l’engouement populaire qu’il suscite, Romário lui, file droit au but. Le député de l’état de Rio de Janeiro annonçait en effet la semaine dernière, son intention de se porter candidat à la Mairie de Rio de Janeiro, lors des prochaines élections de 2012. Droit au but.

Le Veto Évangélique

juin 15, 2011

« O pouco com Deus é muito, o muito sem Deus é nada » (Peu avec Dieu est beaucoup, mais beaucoup sans Dieu n’est rien), affirme un proverbe brésilien. Une phrase qui trouve aujourd’hui un écho particulier au sein de la sphère politique brésilienne. En effet, en l’espace d’un mois, deux évènements de taille ont rappelé au Brésil combien il lui était impossible de faire fi de sa dimension religieuse, là où 97% de la population affirme croire en Dieu et où 90% de celle-ci déclare assister régulièrement à un culte (Enquête Datafolha, 2007).

Si la forte religiosité du Brésil, principale forteresse du catholicisme, n’a rien de nouveau, sa pluralisation et sa diversification, notamment à travers l’essor des Églises évangéliques et pentecôtistes, intriguent. De fait, en l’espace d’un demi siècle, la forteresse-monopole du catholicisme a été ébranlée par les assauts de cet évangélisme prosélyte, dont le succès parmi les couches populaires a été, et continue d’être aujourd’hui, retentissant sur l’ensemble du territoire.

Mais ce qui frappe peut-être encore davantage que la pluralisation de la sphère religieuse brésilienne, c’est l’influence grandissante que jouent, depuis la fin de la dictature, ces « politiciens évangéliques », qui n’hésitent pas à se revendiquer comme tels, ni à affirmer leur métier de pasteur ou de chanteur chrétien, et qui composent aujourd’hui la célèbre Bancada Evangélica. Formé d’une trentaine de députés ou sénateurs au moment de la Constituante à la fin des années 1980, la Frente Parlamentar Evangélica, nom officiel de la Bancada Evangélica, comprend aujourd’hui 70 parlementaires (67 députés et 3 sénateurs) provenant de tous les états du pays et l’ensemble des principaux partis nationaux. Ce bloc, moralement très conservateur, et que l’on croyait éphémère à ses débuts, fait aujourd’hui partie intégrante du paysage politique brésilien. Il symbolise d’une part la fin d’une ère, celle de l’apathie politique  historique des évangéliques, dont l’attitude millénariste a longtemps été d’espérer en un monde meilleur à venir après la seconde venue du Christ; mais symbolise également le début d’une ère nouvelle, celle d’un évangélisme militant, qui considère qu’il doit participer activement, et donc politiquement, à l’avènement du royaume de Dieu sur terre.

L’influence et le poids des évangéliques sur la politique brésilienne se sont manifestés, voire même renforcés, ces dernières semaines à travers deux évènements qui illustrent, selon nous, l’existence d’un véritable « veto évangélique ».
Il y a d’abord eu en Mai dernier l’épisode du « Kit Gay ». Le Ministère de l’Éducation brésilienne prévoyait en effet de distribuer aux élèves des kits d’information visant à prévenir les comportements homophobes. Lorsque la Bancada Evangelica, notamment autour de son vice-président et ancien gouverneur de Rio de Janeiro, Anthony Garotinho (PR-RJ), prit connaissance de ce projet, elle mobilisa en quelques jours des centaines de milliers de personne ainsi que de nombreux médias pour dénoncer ce qui représentait pour eux « um estímulo ao homossexualismo ». Menaçant de ne plus rien voter, et de faire tomber le premier ministre Palocci (ce qui se produira par ailleurs, voire billet précédent), les 70 parlementaires évangéliques obtinrent très rapidement de la présidente Dilma Rousseff qu’elle suspende le projet. Celle-ci déclarant « inadapté » et « inaproprié » le contenu du kit en question. Le droit de veto évangélique venait de s’appliquer.

Forts de ce retentissant succès, la Bancada Evangélica se mobilisa à nouveau contre un nouveau projet de loi concernant l’homosexualité, le PL-122. Un projet, formulé par la député pétista de São Paulo, Marta Suplicy (PT-SP), qui visait à amender la loi sur le racisme pour condamner et criminaliser tous types de propos ou d’écrits homophobes ou pouvant inciter à la violence envers la communauté gay. De façon quasi-instantanée, le PL-122 provoca une impressionnante levée de bouclier orchestrée par la Bancada Evangélica, et relayée via les Églises évangéliques et leurs pasteurs d’une part, mais aussi par la puissante CNBB catholique (Conférence Nationale des Evêques Brésiliens) et son clergé, qui multiplièrent les déclarations d’opposition et les pétitions. Cristallisée autour du Pasteur Silas Malafaia de l’Assembleia de Deus (première église évangélique du pays avec près de 10 millions d’adeptes), l’opposition évangélique, et même chrétienne au sens large, parvint en quelques jours à obtenir la signature d’un million de compatriotes sur une pétition qui fut remise par le Pasteur Malafaia, accompagné des députés de la Bancada Evangélica, au Président du Sénat et premier véritable Président de la République post-dictature, José Sarney (Voir lien). Celui-là même qui déclarait peu après l’approbation de la nouvelle Constitution en 1988, que « les évangéliques [avaient] été le fait marquant de la Constituante ».

Grace à son fabuleux réseau d’influence, du fait notamment de sa proximité avec les principales églises évangéliques du pays (plus d’une dizaine des parlementaires évangéliques sont pasteurs de leur église) ou encore du relais qu’elle trouvent auprès des médias (plusieurs appartenant à des églises comme par exemple a Rede Record de l’Eglise Universelle du Royaume de Dieu), la bancada evangélica semble bien détenir, du moins sur les questions d’ordre moral et religieux, un véritable droit de veto officieux. Un état de fait qui nous rappelle que si la République Fédérative du Brésil a bel et bien séparé l’Église de l’Etat en 1889, elle n’a en rien dénué le politique brésilien de sa dimension hautement religieuse. Après tout, « Deus é Brasileiro » dit-on là-bas.

Eliott Mourier

La Fin de la « Lune de Miel » Présidentielle

juin 8, 2011

La « Lune de Miel » de la Présidente Dilma Rousseff touche à sa fin. Près de 150 jours après sa prise de fonction le 1er Janvier 2011, celle qui a pris la succession de Lula, fait face à sa première crise politique. En effet, même si la majorité des voyants économiques sont au vert (la croissance, de 7,5% en 2010 se poursuit, tout comme la création d’emplois, l’investissement et la consommation des ménages), « l’Affaire Palocci » est entrain de plonger le PT – le Parti des Travailleurs – dans sa plus grande crise depuis le Mensalão (une affaire de corruption retentissante, où plusieurs membres du gouvernement de Lula furent condamnés pour des pratiques d’achat de votes parlementaires) de 2005-2006.

Antônio Palocci, actuel Ministre de la Casa Civil (équivalent brésilien du Premier Ministre), est considéré comme l’un des hommes forts du gouvernement précédent. Ancien ministre des Finances, Il symbolise ainsi à lui seul la continuité politique des gouvernements « Lula » et « Dilma », continuité qui fut le principal fer de lance de la campagne de l’actuelle présidente. Or, depuis plusieurs semaines, Antônio Palocci fait l’objet d’une série d’accusations pour « enrichissement personnel illicite » et « traffic d’influence », qui réveillent les vieux démons de la corruption politique brésilienne. Si Dilma tenta dans un premier temps de défendre son ministre, la multiplication des dénonciations combinée à la maladresse de l’accusé devant les médias et à la mobilisation croissante de l’opposition, placent la première présidente de l’histoire du Brésil dans une délicate position.

Mais l’affaire Palocci, qui a pris une ampleur médiatique particulièrement conséquente, fait plus que mettre Dilma dans une situation embarassante, elle semble réveiller les passions au sein d’une classe politique brésilienne que l’aura du président Lula avait rendu assez apathique. Ainsi le principal parti d’opposition, le PSDB, en pleine restructuration interne en vue des élections de 2014, trouve dans l’affaire Palocci une nouvelle croisade mobilisatrice. Une de ses principales figures historiques, l’ancien président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), disait ainsi à la presse que face à cette « grave situation », il ne souhaiterait pas se trouver « à la place de la présidente Dilma ». De l’autre côté de l’échiquier politique, le PMDB, principal allié du PT cherche pour sa part à instrumentaliser le « cas Palocci » pour relancer la vive polémique du début de mandat sur la nomination des membres du gouvernement. Le PMDB n’ayant pas digéré le fait que Dilma confie la majorité des principaux portefeuilles ministériels (dont celui aujourd’hui occupé par Palocci) au PT.

Enfin, et cela est peut-être encore plus problématique pour l’actuelle Chef d’État, le cas Palocci, que le député évangélique Anthony Garotinho surnomme « le diamant de 20 millions de réals », tombe au plus mauvais moment pour l’exécutif. Comme le souligne le journal paulista Estadão, les parlementaires dont un nombre croissant de voix s’élèvent pour demander la démission de Palocci, doivent voter sous peu un important « Code Forestier », ainsi qu’une série de lois portant sur les royalties pétrolières. Des enjeux décisifs pour le gouvernement qui ne pourra plus très longtemps s’encombrer d’une telle affaire.

Si donc la continuité avec les mandats Lula, principal argument de la victorieuse campagne électorale de Dilma Rousseff, apparait comme effective sur le plan socio-économique, la retentissante affaire visant actuellement le bras droit de Dilma pourrait remettre en question la dimension politique de cette continuité. Elle aura en tout cas eu le mérite de mettre fin à la (trop?) paisible lune de miel de la première femme-présidente de la première puissance latino-américaine.

Addendum:

Antônio Palocci a finalement présenté sa démission le Mardi 7 juin, trois semaine après les premières accusations. Il est remplacé par  la sénatrice Gleisi Hoffmann du PT. En recevant sa lettre de démission, Dilma Rousseff a affirmé que cet acte témoignait « de sa la droiture de ses récentes activités professionnelles, tout comme de l’inexistence d’un quelconque fondement aux allégations portées sur sa conduite ».

Eliott Mourier

Bienvenue sur ActuBrésil !

juin 6, 2011

Bienvenue à tous !

ActuBrésil est un nouveau blog d’information spécialisé sur l’analyse de l’actualité brésilienne, tenu et mis à jour par Eliott Mourier, doctorant et chercheur universitaire, travaillant depuis plusieurs années sur le Brésil et l’Amérique Latine à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique latine de Paris III.

Le Brésil, contrairement aux prédictions de Clémenceau à l’aube du siècle précédent, est bel et bien aujourd’hui un « pays d’avenir ». La stabilité politique acquise depuis plus de 25 ans maintenant combinée au prodigieux essor économique vécu par ce pays depuis une quinzaine d’année ont permis au Brésil de s’imposer en 2011 comme la 7ème puissance économique mondiale. Un socle stable qui a permis au Brésil d’entrer de plein pied dans le XXIème siècle en entamant avec zèle, et avec un certain succès, l’imposant chantier social qui se présente devant lui (le Brésil reste l’un des pays les plus inégalitaires du globe). Le Brésil avance donc à une allure qui contraste avec le calme et la tranquillité qui caractérisent son peuple. Pour reprendre le mot de l’ ‘un de ses plus fervents admirateurs, l’écrivain Stefan Zweig, le Brésil va si vite que lorsqu’on décrit son présent « c’est déjà sans le savoir, du passé qu’on parle ».

Même si Zweig la décrit comme insaisissable, ActuBrésil se donnera pour but d’informer le grand public, de  cette actualité brésilienne qu’elle soit politique, économique ou sociale. Il visera également à décrypter les principaux enjeux et problématiques qui traversent aujourd’hui la nation auriverde, dont le rayonnement international (notamment politique et économique) ne cesse de s’étendre en ce début de XXIème siècle. Ce Blog s’adresse donc à tous les internautes désireux de se tenir au courant des principaux évènements et des dynamiques à l’oeuvre aujourd’hui dans ce pays-continent que constitue le Brésil.

Enfin, et dans une perspective plus académique, ce blog sera également pour l’auteur un moyen de confronter ses recherches universitaires aux réalités de l’actualité la plus récente, donnant ainsi une perspective et une visibilité plus large à ses travaux, auxquels les billets renverront fréquemment.

Comme dans tout Blog qui se respecte, vos commentaires à la suite de chaque billets seront plus que les bienvenus ! En tenant bien évidemment compte de ce proverbe brésilien bien connu : « Seja dono da sua boca, para não ser escravo de suas palavras! »

A très bientôt sur ActuBrésil !

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