Archive for the ‘Gouvernement’ Category

Une victoire à la Pyrrhus pour Dilma Rousseff

octobre 27, 2014

Le second tour le plus indécis d’une élection présidentielle depuis 25 ans aura finalement tourné en sa faveur. Dilma Rousseff repart pour un nouveau mandat de quatre ans et le PT peut pousser un grand « ouf! » de soulagement. Avec 51,64% des suffrages valides et exprimés contre 48,36% pour son concurrent du PSDB, Aécio Neves, Dilma l’emporte finalement dans la dernière ligne droite, malgré de grosses frayeurs (montée fulgurante de Marina Silva en août, scandale de Petrobras, sondages donnant Aécio gagnant une semaine avant le scrutin, etc.). Mais c’est clairement une victoire « à la Pyrrhus » pour le PT qui ressort malgré tout affaibli de ces élections générales, lesquelles, au-delà des présidentielles, concernaient également les gouverneurs des 27 états, ainsi que les députés fédéraux et étatiques et le tiers du Sénat fédéral.

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Le casse-tête de la gouvernabilité

En effet, le Parti des Travailleurs, qui progressait systématiquement à chaque élection depuis le retour de la démocratie, subit le premier véritable coup de frein électoral de son histoire. Symbole fort de cette perte de vitesse : pour la première fois depuis 1990, le PT n’est plus le premier parti choisi par les électeurs optant pour le « voto em legenda », le choix pour les législatives de la liste d’un parti et non d’un candidat en particulier (21,6% pour le PT contre 23,8% pour le PSDB).

Dilma Rousseff – qui déjà ces quatre dernières années a dû gouverner en maintenant une alliance de partis extrêmement hétérogène – aura encore moins de marge de manoeuvre au congrès pour son prochain mandat. Sa coalition gouvernementale ne compte en effet plus que 304 députés et 40 sénateurs (contre 340 et 62 précédemment), le PT lui-même n’ayant obtenu que 70 sièges à la Chambre des députés et (13,6%) 13 au Sénat (16%). Cela pose très clairement une question de gouvernabilité au sein d’un congrès de plus en plus fragmenté, où les grands partis (PT, PSDB et PMBD) perdent du terrain au profit de petits partis, dont il faudra ménager les susceptibilités.

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Dilma devra composer avec un congrès plus conservateur

Un congrès qui d’ailleurs est probablement l’un des plus conservateurs de ces dernières années, comme en témoigne la nouvelle montée en puissance de la Bancada Evangélicaqui aurait gagné une dizaine de sièges à la chambre pour atteindre les 80 députés. Il s’en est même fallu de peu pour que l’état de Rio de Janeiro, le troisième plus peuplé du pays, n’élise comme gouverneur l’un de ses plus célèbres représentants, Marcelo Crivella, neveu du fondateur de l’Eglise Universelle du Royaume de Dieu. Le parti de Crivella, le PRB, considéré comme le bras politique de l’Eglise Universelle a d’ailleurs doublé le nombre de ses députés passant de 10 à 21 sièges pour retrouver le poids qui était le sien à la fin des années 1990. Des évangéliques qui, au cours de la dernière législature ont montré leur capacité de blocage, notamment sur les questions éthico-morales (Kit gay…) et qui ne feront certainement pas de cadeaux à Dilma et à ses « valeurs progressistes ».

Même constat pour la « Bancada ruralista » (qui pourrait compter jusqu’à 257 députés, soit exactement la moitié de la chambre), qui représente les intérêts des propriétaires terriens et des grands noms du secteur de l’agro-alimentaire, et qui s’est opposée avec succès ces dernières années à toutes les réformes en matière de conditions de travail rural ou d’impact environnemental. Au grand dam de l’aile gauche de la coalition gouvernementale qui attend toujours la réforme agraire promise par Lula déjà.

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Du côté des gouverneurs, le PT et ses alliés ont également perdu du terrain et ne seront désormais plus à la tête que de 12 états contre 15 pour l’opposition. Et lorsqu’on connaît le pouvoir, les prérogatives et l’influence des gouverneurs au sein de l’Union, il y a là encore une raison de plus pour s’inquiéter de la capacité du futur gouvernement de Dilma à gouverner le pays, et surtout à mettre en place les réformes promises.

Jusqu’en 2019…mais après?

Car si Dilma en a appelé – dès l’annonce des résultats – à une « union nationale », a annoncé un référendum pour reconstruire le système politique et a proposé de grandes actions pour relancer l’économie, la population reste sceptique sur sa capacité à engager les vraies réformes demandées par les brésiliens avec de plus en plus d’insistance ces derniers mois. Il est clair que cette élection sonne comme une dernière chance donnée par les brésiliens au PT pour enfin changer le pays, comme il le promet depuis ses débuts. A moins qu’en 2019 le charisme de Lula ne parvienne à nouveau à faire oublier les promesses inassouvies de son parti…

 

Popularité présidentielle : Dilma Rousseff touchée mais pas coulée

février 25, 2014

S’il y a une donnée dont les instituts de sondages et les médias raffolent de nos jours c’est bien l’indice de popularité présidentielle. Dans toutes les démocraties contemporaines – et particulièrement dans les régimes à dominante présidentielle comme le sont le Brésil, la France ou encore les Etats-Unis -, cet indice, qui mesure tout au long d’un mandat  la satisfaction d’une population vis à vis de celui ou celle qu’ils ont placé à la tête de leur nation (et par extension de l’ensemble du gouvernement en fonction), est scruté de près par les décideurs politiques qui ne peuvent se permettre de le négliger (ce qui ne les empêchent pas d’en dénoncer régulièrement la pertinence). En Amérique latine notamment, la popularité présidentielle est sur toutes les lèvres (en tout cas dans les Etats où elle est le fruit d’études indépendantes). Son évolution vient ainsi récompenser ou punir de façon presque instantanée les actions du chef de la nation. Le président péruvien Ollanta Humala, pourtant  recordman de la popularité la plus basse des démocraties de la région, a ainsi vu sa côte remonter de 7 points (de 26 à 33% d’approbation) en l’espace de quelques jours la semaine dernière, après la « demi-victoire » du Pérou suite à la décision plutôt favorable du Tribunal de La Haye dans le conflit limitrophe qui l’opposait au Chili depuis des décennies.

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Ce qui frappe généralement les observateurs c’est la tendance presque universellement décroissante de cette courbe. Confortable le temps de ce qu’on appelle parfois la « lune de miel présidentielle », l’indice de popularité d’un président a ainsi presque toujours tendance à plonger à mesure que les espoirs suscités par les promesses de campagne se confrontent à la dure réalité de l’exercice du pouvoir. Barack Obama qui bénéficiait de près de 80% d’opinions favorables au lendemain de son investiture en 2008 ne convainc plus que 45% des américains 5 ans plus tard. François Hollande lui doit être proche de détenir le record de la plus spectaculaire dégringolade (de 60% à 20% d’opinions favorables en l’espace de 18mois). Une tendance à laquelle seules Angela Merkel et Dilma Rousseff – jusqu’à tout récemment – avaient résisté en conservant une popularité au-delà des 60%.

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En effet, Dilma Rousseff a longtemps été admirée pour sa capacité à maintenir un taux d’approbation extrêmement élevé et ce, quand bien même son gouvernement et son parti faisaient l’objet de diverses condamnation pour corruption. En effet, elle a habilement su manier les événements à l’époque en demandant aux ministres impliqués de démissionner d’une main de fer ce qui lui avait permis d’accueillir les louanges d’une population fatiguée de la corruption endémique du système politique. Dilma tenta le même tour de passe-passe l’été dernier lors de la surprenante vague de manifestations qui bouscula le pays, mais avec beaucoup moins de succès cette fois. En quelques semaines Dilma, qui n’avait jamais vu sa côte baisser depuis son accession au pouvoir passa de 79% à seulement 45% d’opinions favorables ! L’absence de mesures correctives vraiment structurelles et la tendance prononcée des gouvernements locaux pour la répression musclée des manifestations (nous en avons encore eu la preuve ce week-end à São Paolo) ont ainsi clairement provoqué une vraie fracture dans ce qui était jusqu’alors une belle histoire d’amour entre les brésiliens et leur première « Presidenta ». Car contrairement à ce que l’on a pu affirmer, la popularité de Dilma n’a jamais retrouvé son niveau d’avant les manifestations (elle a légèrement remonté pour s’établir à 55% février 2014 (Source CNI/IBOPE)), rejoignant ainsi le triste destin de ses homologues masculins précités.

20130927-GraficoDilma-PopularidadeIbopeEvolution de la popularité de Dilma Roussef entre mars 2011 et décembre 2013 (CNI/IBOPE)

Mais cela doit-il inquiéter celle qui se présentera pour un second mandat à l’automne prochain ? Tout porte à croire que non. En effet l’histoire a montré que l’indice de popularité et l’intention de vote étaient en réalité deux choses bien distinctes. En effet si l’indice de popularité mesure la satisfaction des citoyens par rapport aux promesses du candidat élu, les intentions de vote elles tiennent compte de la concurrence en présence… Force est de constater qu’avec 47% d’intentions de vote, contre seulement seulement 17% et 12% pour ses principaux concurrents, Aecio Neves (PSDB) et Eduardo Campos (PSB), la concurrence justement apparaît encore trop faible pour parvenir à détrôner une Dilma moins populaire certes que son prédécesseur et mentor, Lula, mais qui reste encore la « Presidenta » pour une majorité de brésiliens.

Le Brésil s’indigne !

juin 18, 2013

Le Brésil connait depuis quelques jours maintenant et alors qu’il accueille la Coupe des Confédérations – sorte de répétition générale avant le Mondial de football l’an prochain – l’une des plus importantes vague de manifestations depuis le retour de la démocratie dans les années 1980. A l’origine de ce mouvement contestataire qui s’affirme dans la quasi-totalité des grandes villes du pays, une hausse généralisée du prix des transports (et notamment des bus, principal moyen de transport utilisé par les Brésiliens) considérée comme abusive, non seulement par les Brésiliens résidant au Brésil, mais qui soulève également l’indignation des expatriés un peu partout dans le monde, comme en Irlande où plus de 1.000 Brésiliens ont manifesté dimanche dernier depuis Dublin.

Toutefois, si la hausse du prix des transports a été l’élément déclencheur, les manifestations – tout en gagnant en ampleur – élargissent actuellement le champ de leurs revendications d’une façon qui commence à devenir préoccupante pour le Gouvernement.  A Belém, l’une des villes les plus violentes du Brésil située dans le Nord du pays, les manifestants demandent demandent davantage de mesures pour faire face à la criminalité croissante. Dans le Sud, à Porto Alegre, les protestations condamnent la corruption et le manque de transparence des acteurs publics. Et dans la plupart des grandes villes du pays, on s’insurge contre les dépenses pharaoniques (et en constante révision à la hausse) engagées par le pays pour la Coupe du Monde (beaucoup de ces manifestations se déroulent d’ailleurs à proximité des stades) et qui auraient dû, selon les manifestants, être investies dans l’éducation ou la santé.

Protestations devant le Maracana en rénovation. Rio de Janeiro. Marcos de Paulo / Estadao

Protestations devant le Maracana en rénovation. Rio de Janeiro. Marcos de Paulo / Estadao    

Ce dernier point est d’ailleurs loin d’être anodin. Si jusque là la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques de Rio ont toujours été présentés comme des « opportunités de développement », ou comme « un coup de projecteur bénéfique sur le pays », la population, loin d’être dupe, commence à comprendre qu’elle peut effectivement tirer profit de ces événements, non pas tant pour ces raisons là, mais davantage comme un moyen de pression sur ses gouvernants, alors que les cameras du monde entier sont progressivement braquées sur le pays. Le Président de la FIFA, Joseph Blatter, se trompe quand il affirme que « le football est plus fort que l’insatisfaction des gens », car celui-ci offre précisément pour les Brésiliens un moyen de faire entendre leurs aspirations pour le futur de leur nation. Ce ne serait pas une première dans ce pays où même le football participa à la lutte contre l’autoritarisme et à la reconstruction démocratique du pays dans les années 1970-1980 (l’exemple le plus flagrant étant le mouvement Democracia Corintiana des joueurs emblématiques du Corinthians, Socrates, Wladimir et autre Casagrande).

Toujours est-il que ces mouvements contestataires préoccupent de plus en plus le gouvernement alors que la cote de popularité de Dilma Rousseff, jusque là impeccable, est pour la première fois de son mandat en phase descendante. La répression parfois musclée des manifestations à Brasilia (où les manifestants ont envahi hier les alentours du Congrès national), Rio de Janeiro (avec 100.000 personnes défilant dans les rues), ou São Paulo (où parmi les 50.000 manifestants certains ont tenté de pénétrer dans le Palais du Gouverneur) ne devrait d’ailleurs rien arranger à l’affaire, bien que Dilma se soit empressée de déclarer que de telles manifestations sont « légitimes et propres à la démocratie ».

La hausse abusive du prix des transports a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de l’indignation des Brésiliens, rempli petit à petit, déception après déception, par les acteurs politiques du pays ces dernières décennies. Ce séisme de contestation dont personne n’évalue encore précisément la magnitude et qui connaîtra certainement des répliques à l’approche des événements planétaires que le Brésil s’apprête à accueillir, provoquera-t-il une véritable onde de choc et une prise de conscience de la part des décideurs publics du pays ? C’est tout ce que ces centaines de milliers d’indignés brésiliens souhaitent.

Le sommet Rio+20 au secours d’une Amazonie en péril ?

juin 4, 2012

A quelques jours de la tenue de la conférence des Nations Unies Rio+20 sur le Développement durable (20-22 juin), je vous propose la lecture d’un article que j’ai rédigé pour le site d’information Atlantico.

Sous fond de tensions entre le lobby environnementaliste et celui de l’agro-industrie, le Brésil doit jongler entre son souci de faire bonne figure sur le plan écologique et son processus inéluctable de développement économique.

La suite ici…

Maintenant, c’est Dilma !

avril 5, 2012

On attendait ces jours-ci les résultats de la dernière enquête d’opinion concernant la popularité de la Présidente Dilma Rousseff, après un peu moins d’un an et demi au pouvoir de la 6ème puissance mondiale. Force est de constater qu’avec 77% d’opinions favorables, la présidente brésilienne n’en finit plus de gagner le cœur  des brésiliens et de faire oublier son prédécesseur et mentor, Lula, tout juste remis de son cancer et qui vient d’annoncer son retour en politique.

Cette enquête CNI/Ibope conduite mi-mars affiche une progression de +5 points et place Dilma dans une position particulièrement confortable. En effet, comme nous l’expliquions dans un billet précédent, la politique d’intolérance à la corruption conduite par la présidente et qui a coûté la tête de 7 de ses ministres en l’espace de 6 mois, a selon toute vraisemblance était plébiscitée par la population. En effet, celle-ci loin de voir dans ces évènements la preuve d’un gouvernement corrompu, a préféré y voir une présidente à la main de fer, intègre et fidèle à sa réputation de gestionnaire efficace.

Mais cette popularité n’est pas seulement due à sa lutte contre la corruption. En effet, le ralentissement de l’économie brésilienne constaté ces derniers mois laissait présager une baisse des opinions favorables, mais il n’en est rien. Pourquoi ? Certainement du fait de la capacité de Dilma a proposer des mesures « choc »,  comme l’injection de près de 50 milliards de réals (plus de 20 milliards d’euros), proposée il y a quelques jours par le gouvernement pour dynamiser une industrie brésilienne en berne. Un interventionnisme dont Dilma a su faire bon usage et qui semble aujourd’hui faire l’unanimité.

Mais si Dilma est plébiscitée pour son action économique, dans la luttre contre la pauvreté ou pour l’emploi, elle l’est beaucoup moins concernant la santé publique, l’insécurité ou l’imposition, ce qui invalide l’hypothèse de certains analystes selon laquelle cette popularité donnerait à la présidente davantage de « pouvoir d’imposition ». Dilma reste attendue sur ces thématiques qui préoccupent les brésiliens, tout comme sur le bon déroulement de la Coupe du Monde 2014 qui aura lieu quelques mois avant les prochaines présidentielles.

Il n’en reste pas moins qu’avec 77% d’opinions favorables, Dilma apparaît de plus en plus comme une sérieuse candidate à sa propre réélection en 2014, quand tout le monde s’accordait à dire, au début de son mandat, qu’elle n’assurerait qu’une intérim avant le retour triomphal de Lula quatre ans plus tard. Si sa popularité se maintient comme c’est le cas depuis un an et demi maintenant, cette affiche de campagne montrant Dilma aux côtés de Lula aura vu juste : « Agora é Dilma » ! (Maintenant, c’est Dilma !).

La « Coupe » est pleine…

mars 29, 2012

Après des mois d’âpres négociations, la chambre des députés a adopté mercredi 28 mars la Lei Geral da Copa (loi générale de la Coupe). Un texte censé réglementer le déroulement de la Coupe du Monde de football qui aura lieu au Brésil en 2014, 64 ans après la première édition sur le sol brésilien en 1950, qui avait vu le Brésil perdre en finale dans son stade mythique, le Maracanã, contre le petit voisin uruguayen. Une défaite qui reste l’un des plus grands traumatismes populaire de la nation auriverde. On comprend donc, au-delà des retombées économiques, tout l’importance et la symbolique que revêt le prochain Mondial pour le Brésil.

De son côté, La FIFA, instance suprême du football mondial et dont la puissance financière et politique est souvent comparée à celle de véritables États-nations, pressait donc depuis plusieurs mois le Brésil de voter ce texte, qui doit, entre autre, mettre en place une série de mesures d’exceptions (comme rendre férié les jours de match de la selection brésilienne ou réserver des places pour les classes populaires) tout au long de l’évènement planétaire. Parmi ces mesures, la vente de boissons alcoolisées dans les stades a particulièrement animé les débats parlementaires. Interdite au Brésil depuis 2003, elle est exigée par la FIFA, soucieuse de maintenir son juteux contrat avec la multinationale Anheuser-Busch, le fabriquant de la bière Budweiser et l’un des principaux sponsors de la compétition.

Lorsque l’on sait que le Brésil est l’un des pays où la mortalité autour des stades est la plus grande (42 décès de supporters entre 1999 et 2009), on comprend vite pourquoi les négociations ont été ardues. Les segments les plus conservateurs du congrès, et notamment la Bancada evangélica, sont en effet montés au créneau pour modifier cette clause, mais sans succès.

Le Brésil reste ainsi on le voit, en position de faiblesse face à l’instance sportive. Avec des retards dans la construction des stades (notamment dus à de nombreuses grèves d’ouvriers), ou dans l’amplification des structures aéroportuaires (le texte prévoit d’ailleurs de mettre à disposition les aéroports militaires si la capacité des structures civiles est dépassée), le pays n’est pas vraiment en mesure d’imposer ses vues. Comme l’affirme avec un certain agacement Julio Grondona, le vice-président de la FIFA, le Brésil ne fait « qu’accueillir » la Coupe.

La ratification de cette Loi générale de la Coupe, trois jours après le décès le Week-End dernier à São Paulo de deux supporters, à la suite d’affrontements entre torcidas (groupes de supporters) du Corinthians et du Palmeiras, ne fait que confirmer ses dires…

L’Economie Brésilienne au ralenti : phénomène passager ou reflet structurel ?

décembre 15, 2011

On ne tarit pas d’éloges, ces dernières années, sur la bonne santé de l’économie brésilienne. Après la crise de la dette dans les années 1980 et l’instabilité chronique des années 1990 symbolisée par des taux d’inflation phénoménaux, le Brésil surfe, depuis le début des années 2000, sur une vague inédite de croissance et de stabilité, laquelle a permis de financer un large éventail de programmes sociaux.

Le Zénith économique du Brésil

Plusieurs facteurs expliquent le dynamisme de la croissance brésilienne notamment depuis 2005. D’une part  l’augmentation du prix des matières premières – Fer,  Soja, Viande ou Sucre – que le Brésil exporte de façon massive. Les exportations vers la Chine sont ainsi passées de 1 milliard US$ en 2000 à plus de 30 milliards en 2010 ! D’autre part, l’arrivée sur le marché intérieur de 30 millions de nouveaux consommateurs brésiliens « sortis » de la pauvreté (notamment sous l’effet de la multiplication par quatre du salaire minimum, de vastes programmes de redistribution – comme Bolsa Familia – et d’un accès facilité au crédit). Un marché intérieur qui a notamment permis au pays de bien résister au choc financier de 2008 (même si le Brésil n’a pas échappé à une légère récession en 2009). Il faut enfin mentionner l’attractivité du Brésil pour les investisseurs étrangers, et notamment la Chine dont le montant des investissements directs a progressé de 300% entre 2000 et 2010 (Source : IPEA). Ces facteurs et bien d’autres ont permis au Brésil d’atteindre en 2010 une croissance record de +7,5%.

Une Economie résiliante, mais néanmoins fragile

Pourtant, et alors qu’il y a encore quelques mois la Présidente Dilma Rousseff ventait la résilience de son économie, le Brésil semble aujourd’hui marquer le pas, rattrapé par la morosité de l’économie mondiale. Le pays a ainsi connu une croissance nulle au 3 ème trimestre. Ralentissement passager ou phénomène plus structurel ? Les avis divergent, mais un certains nombre de spécialistes mettent en garde le gouvernement contre la tendance actuelle à une « reprimarisation » de l’économie. On entend par reprimarisation le processus qui conduit une économie à prioriser la production et l’exportation de matières premières, au détriment du développement de son Industrie et de ses Services. En Amérique latine, cette tendance est décriée par les économistes comme une forme de « retour en arrière », l’économie des pays sud-américains ayant reposé sur ce modèle durant plus de quatre siècles. Preuve de cette tendance au Brésil, au 3ème trimestre l’Industrie et les Services perdaient respectivement -0,9% et -0,3%, alors que le secteur primaire (agriculture, pêche…) lui progressait de +3,2%. Et si, ces dernières années, la hausse du prix des matières premières a eu un impact largement positif sur la croissance brésilienne, cette reprimarisation de l’économie repose aujourd’hui l’éternelle question de la dépendance du Brésil vis à vis des cours et de la demande du marché mondial, et donc in fine, de sa fragilité.

Le Brésil, éternel optimiste

Mais au Brésil, l’optimisme reste néanmoins de mise. Avec moins de 6% de chômage, des indicateurs sociaux au vert et une marge de manœuvre politique et macroéconomique assez ample, Dilma Rousseff et son gouvernement disposent d’une palette de solutions beaucoup plus large que leurs homologues européens (notamment en matière de taux d’intérêt). Ajoutez à cela l’accueil de la Coupe du Monde 2014 et des Jeux Olympiques en 2016, qui dynamisent d’ors et déjà l’économie, et l’on comprendra aisément pourquoi l’alarmisme n’est pas de mise au pays de la samba. Cet optimisme est aussi et enfin, en partie lié à la découverte et à l’exploitation récente d’énormes réserves de pétrole (voir notre billet sur l’or noir) au large de Rio et de São Paulo… Quand on parle de reprimarisation…

A la reconquête des favelas

novembre 14, 2011

Les favelas, ces bidonvilles construits à flanc de colline, à deux pas des quartiers aisés, par les migrants du Nord venus chercher une situation plus favorable dans les grandes capitales du Sud-Est (Rio de Janeiro, São Paulo, Belo Horizonte notamment) sont le symbole d’un Brésil qui reste encore profondément inégalitaire.

Champion latino-américain des inégalités dans la répartition des revenus jusqu’au début des années 2000, le Brésil, en triplant le montant du salaire minimum, en améliorant l’accès à l’emploi formel (et donc à la couverture sociale) et en mettant en place de nombreux programme de redistribution de revenu a pourtant réussi, ces dix dernières années, à améliorer de manière sensible la situation de 30 millions de pauvres, entrés dans la « classe moyenne ». Mais paradoxalement, le nombre des favelas et de leurs habitants n’a fait qu’augmenter notamment à Rio de Janeiro où l’on trouve les plus peuplées d’entre-elles, comme la favela Rocinha qui compterait jusqu’à 150.000 habitants.

A deux pas de l’opulente plage d’Ipanema, les favelas Rocinha et Vidigal – Photo prise par l’auteur 2010

Une « guerre » déclarée aux trafiquants

Édifiées sans autorisations dans des zones difficiles d’accès, et ne bénéficiant, jusqu’à des périodes récentes, d’aucun accès à l’eau potable, à l’électricité ou de système d’évacuation des eaux et déchets, les favelas échappent le plus souvent au contrôle de l’État. Elles forment ainsi des communautés autarciques où les trafiquants de drogue, qui y trouvent refuge, édictent leurs propres lois, créent leurs propres systèmes d’entraide sociale et de sécurité pour s’attirer la sympathie des habitants en échange de leur silence. Les barons de la drogue consacrent également une part non-négligeable de leurs considérables revenus à soudoyer une police mal-rémunérée (et au sein de laquelle beaucoup sont désireux d’arrondir leurs fins de mois), assurant ainsi la tranquillité de leurs activités illicites.

Mais depuis quelques années maintenant, le gouvernement est bien décidé à reprendre le contrôle de ces zones de « non-droit ». C’est notamment le cas de Rio de Janeiro où le gouverneur Sergio Cabral a déclaré depuis 2003 une guerre sans merci aux cartels, et le terme de « guerre » n’est ici pas exagéré. Des moyens phénoménaux sont ainsi mis en œuvre : formation de commandos d’élite, utilisation de tanks et de blindés pour infiltrer les zones sensibles, recours à des hélicoptères etc. Les interventions des commandos de la Police militaire dans les favelas cariocas n’ont rien à envier aux guerres de rues de Bagdad ou de Kaboul.

Alors qu’elle s’apprête à recevoir une série d’évènement de dimension mondiale : la conférence de l’ONU sur le développement durable en 2012, les Journées Mondiales de la Jeunesse en 2013, la Coupe du Monde de Football en 2014 ou encore les Jeux Olympiques de 2016; la ville de Rio de Janeiro se doit de donner au monde des gages de sa sécurité. Parvenir à pacifier ses favelas serait en effet un signe fort en ce sens.

On ne s’étonnera donc pas que dans la nuit du dimanche 13 novembre, une opération d’une ampleur inédite, baptisée « Choc de Paix » ait visé à reprendre le contrôle de plusieurs favelas parmi lesquelles l’immense « Rocinha ». Pas moins de 3.000 policiers ont été mobilisés pour l’occasion et le gouvernement s’est félicité que l’opération se soit déroulée sans véritable résistance de la part des trafiquants, dont au moins cinq grands chefs ont été capturés. Leurs interpellations, dans d’immense villas équipées de piscines, jacuzzis ou de salles de musculation dernier cri,  bâties au milieu de la pauvreté des favelas, témoignent de toute la démesure rencontrée au sein de ces zones sensibles.

Opération « Choc de Paix » du 13 novembre 2011 – Derrière le trophée de la Coupe du Monde qui aura lieu à Rio en 2014
Photo Fabio MOTTA/AE – Estadão 

Quel avenir pour les favelas ?

L’opération « Choc de Paix » a notamment été un succès car,  contrairement à certaines missions précédentes, elle s’est déroulée relativement pacifiquement, notamment en distribuant des tracts invitant la population à dénoncer anonymement les chefs de la drogue dans leurs quartiers. Cette approche moins militarisée a en effet été privilégiée ces derniers temps, notamment à travers le développement des UPP, Unités de Police Pacificatrices. Le concept est simple : rapprocher la population de la police en confiant à celle-ci a mise en œuvre de politiques sociales au sein des favelas. Aujourd’hui, 280.000 favelados bénéficieraient de ces programmes, dont l’objectif est clairement pour l’État, de reprendre la main sur ces zones qui lui échappent depuis des décennies.

Toutefois, si ces mesures, tout comme l’opération « Choc de Paix » de ce week-end, rencontrent effectivement un certain succès, le défi des « favelas » reste immense au Brésil. Sans même parler des énormes préoccupations en terme de questions sanitaires (certaines favelas sont construites sur des décharges!), sociales, environnementales ou urbaines, débarrasser les favelas de leurs trafiquants ne résoudra pas entièrement la question du contrôle et de la sécurité de ces « villes invisibles ». En effet, un autre ennemi les ronge : les Milices. Bien accueillies dans un premier temps car elles devaient en finir avec le règne des trafiquants, elles ont progressivement pris le contrôle des favelas installant de fait, une nouvelle forme de terreur. Les miliciens contrôlent et font payer très cher, arme en main, l’accès à l’eau, à l’électricité ou à la télévision aux habitants des morros (collines). Elles représentent un défi d’autant plus grand pour la pacification des favelas qu’elles sont particulièrement difficiles à combattre du fait qu’elles sont principalement composées de militaires et de policiers corrompus. Elles contrôleraient aujourd’hui 96 favelas à Rio.

Mais n’oublions pas que ces dix dernières années, environ 10 millions de brésiliens sont parvenus à quitter les favelas grâce à l’amélioration de leur situation économique. En fait, de l’avis de nombreux spécialistes, le Brésil ne parviendra pas à faire mentir les prévisions des Nations Unies (qui prévoient qu’en 2020, le pays comptera 55 millions de favelados) s’il n’ajoute à sa pacification militaire, une pacification socio-économique des favelas.

Le temps presse, les caméras du monde entier seront bientôt fixées sur la belle Rio de Janeiro et sur ses morros.

Objectif Transparence

octobre 27, 2011

Ces derniers temps, le Brésil fait l’objet d’une des pires séries de scandales de corruption depuis son retour à la démocratie dans les années 1980. Un phénomène que notre blog a cherché à décrypter lors de précédents billets auxquels nous renvoyons nos lecteurs (« Corruption l’affaire de tous », « Les Amendements au Budget Fédéral« , « Le Cri des Exclus« ). La démission forcée la nuit dernière d’un nouveau ministre, Orlando Silva, suite à une multitude d’accusations de divers détournements de fonds publics a de nouveau mis le pays en émoi.

La renonciation d’Orlando Silva qui exerçait le poste de Ministre des Sports depuis 2006, et qui jouait de ce fait un rôle majeur dans l’organisation du Mondial 2014 et des JO de Rio en 2016, est la cinquième du genre en à peine 10 mois de mandat pour la Présidente Dilma Rousseff. La « faxina », ce grand ménage voulu par la Présidente, s’avère sans pitié au point que la présomption d’innocence des accusés est souvent bafouée (Il ne s’est écoulé qu’une dizaine de jours entre la publication des accusations par l’hebdomadaire Veja et la démission du Ministre sans que celui-ci ait encore fait l’objet d’une enquête judiciaire).

Mais si le renoncement de Silva a fait le buzz ces dernières heures, un autre fait d’actualité complètement lié au premier doit aussi retenir notre attention : le vote mardi dernier par le congrès de la Loi d’Accès à l’Information Publique. Cette loi, présentée par l’ex-président Lula, et qui circulait dans les chambres depuis avril 2010, vient consacrer le principe de la transparence dans les affaires publiques. Elle vient compléter la Loi de Transparence de 2009 qui oblige toutes les administrations publiques à publier en ligne l’utilisation qu’elles font des ressources publiques (voir le Portail de Transparence). La loi votée mardi dernier contient pour sa part un ensemble de mesure visant à faciliter l’accès à un ensemble des documents jugés « top-secrets » et jusqu’alors inaccessibles au grand public. Elle établit également un programme de formation des fonctionnaires à la transparence afin « d’en finir avec la culture du secret et de l’opacité » de l’Etat brésilien.

« Transparence  » – Droits réservés – Alejandro Santos

Fait particulièrement intéressant, le principal opposant à cette loi n’était autre que Fernando Collor de Melo, l’ancien Président de la République, aujourd’hui sénateur de l’état d’Alagoas. Élu en 1990, Collor de Melo a fait en 1992 l’objet d’une procédure d’impeachment (une mesure permettant au congrès de voter la destitution d’un Président en cas faits graves, ici de trafic d’influence et de corruption) qui, vôtée par 441 députés, obligea Collor de Melo à démissionner dans la foulée. Vingt ans plus tard (et alors que les brésiliens l’ont tout de même réélu comme Sénateur !), c’est lui, le seul Président de la République brésilienne destitué pour corruption depuis le retour de la démocratie, qui cherchait à empêcher l’adoption de cette Loi d’accès à l’information publique…Pas étonnant donc que la loi ait été adoptée.

On répète souvent au Brésil que la corruption n’a pas véritablement augmenté ces dernières années, mais que c’est la qualité du contrôle, la visibilité des accusations et l’accès aux informations révélatrices qui se sont accrus. Le cas Orlando Silva en est un parfait exemple.

Dilma Rousseff, qui était il y a quelques semaines à New York pour présenter aux côtés de Barack Obama un grand programme international sur la Transparence, cherche on le sait, à se distinguer de ses prédécesseurs et notamment de Lula dont on n’a cessé de dire qu’elle n’était que la marionnette. Dans ce sens, sa stratégie semble aujourd’hui claire, faire de la lutte contre la corruption et de l’avènement d’une « culture de la transparence » son principal cheval de bataille. Rien ne semble pour l’instant lui faire obstacle.

Les « Amendements » au Budget Fédéral : Une question délicate

octobre 19, 2011

C’est une des spécificités de la politique brésilienne: chaque année, les sénateurs et députés fédéraux (élus au niveau national donc), disposent tous d’un droit d’amendement au budget fédéral (on parle en portugais d’emendas parlamentares). Très concrètement, ce mécanisme permet aux élus de réorienter certaines dépenses, et de disposer de fonds publics importants, notamment afin de réaliser des projets jugés prioritaires dans leurs circonscriptions respectives. En 2011, le montant alloué à chaque parlementaire s’élève à environ 13 millions de réals (5,7 millions d’euros). Considérée comme emblématique d’une démocratie plus « directe », voulue par l’ensemble de la classe politique brésilienne, le poids des emendas n’a cessé de s’accroître ces 6 dernières années. Il représente en 2011 environ 6 milliards de réals (2,6 milliards d’euros) dans le budget fédéral brésilien.

Du coup, dans leurs fiefs respectifs les parlementaires sont, chaque année, les cibles d’une multitude de propositions en tout genre, chacun voyant dans cette manne l’occasion rêvée de réaliser ses projets, en échange d’un simple appui politique. Construction d’écoles, d’hôpitaux ou de routes, ou encore réalisation de projets sociaux d’ONG ou de fondations diverses, les potentiels bénéficiaires ne manquent pas. Pour les élus, c’est à la fois une manière de démontrer publiquement leur capacité à agir concrètement dans la vie de leurs concitoyens, mais c’est également pour eux une occasion unique de s’attirer les faveurs de personnalités et d’organisations influentes dans leur région, susceptibles de les aider à renforcer leur base électorale. Comme nous le remarquions dans un billet précédent sur le lobbying, la différence est parfois fine au Brésil entre « démocratie directe » et « clientélisme ».

Mais plus problématique encore, ces emendas sont régulièrement citées dans les diverses affaires de corruption qui minent le pays, et qui ont récemment abouti à la démission de quatre ministres (un cinquième, Orlanda Silva, ministre des sports pourrait en faire également les frais dans les tous prochains jours). On ne compte plus en effet le nombre d’affaires où des parlementaires se sont vus accusés de financer par ce biais des ONG fantoches, liées à leurs partis ou à leurs intérêts personnels. Comme ce fût le cas en 2006 avec l’affaire de la « mafia des ambulances », où des fonds octroyés à des municipes pour améliorer les infrastructures sanitaires via emendas, servaient en fait à enrichir les parlementaires impliqués.

Il n’est donc pas étonnant que de nombreuses mesures de contrôle et de transparence aient été imposées à ces mécanismes (voir par exemple le site suivant mis en place par le Sénat). De leurs côté, les parlementaires se plaignent de ne jamais pouvoir véritablement utiliser, dans la pratique, la totalité de fonds qui leur sont théoriquement alloués par la loi. Car en définitive, c’est le pouvoir exécutif qui s’assure de la bonne réalisation du Budget fédéral. Mais n’est-ce pas ainsi une manière d’éviter les dérives ?

Malgré tout, cette mesure demeure très populaire car elle sert aussi beaucoup de nobles causes, il faut le souligner. Et ce, souvent avec plus de rapidité que la lente bureaucratie des institutions publiques. Divers projets de loi ont d’ailleurs été déposés pour faire passer l’allocation de chaque parlementaire de 13 à 15 voire même 20 millions de réals, sans que cela provoque le moindre remous. De son côté, l’exécutif qui se voit ainsi « dépossédé », tente régulièrement d’en réduire l’importance, mais sans grand succès. Le montant des emendas a ainsi progressé de 370% depuis 2005 quand l’inflation elle, n’a augmenté « que » de 34%.

Pas sûr néanmoins que le mécanisme des emendas reste longtemps en l’état. Car avec la guerre féroce que mène actuellement la Présidente Dilma Rousseff contre la corruption, il ne serait pas étonnant de voire prochainement ce système d’emendas, si souvent mis en cause lorsqu’il s’agit de scandales de corruption au Brésilréformé en profondeur. Une chose est sûre, au Brésil, démocratie « directe » et lutte contre la corruption ne font pas toujours bon ménage.